SA JEUNESSE

Laurent
serait né vers 210 ou 220 en Espagne, à Huesca une petite ville de
l’Aragon, aux pieds des Pyrénées. Afin de compléter ses études
humanistiques et liturgiques, il fut envoyé, tout jeune encore, dans
la ville de Saragosse, où il fit la connaissance du futur pape
Sixte II. Ce dernier, originaire de Grèce, était investi d’une
charge d’enseignant dans l’un des plus importants centres
d’études de l’époque et était l’un des plus connus et des
plus appréciés des maîtres de ce centre.

Pour sa
part, Laurent s’imposait par ses qualités humaines, par sa
délicatesse d’âme et son intelligence. Entre le maître et
l’élève s’instaura une communion et une familiarité qui
augmenta et se cimenta avec le temps. Poussés par leur amour pour
Rome, centre de la chrétienté, ils suivirent un flux migratoire
alors très intense et quittèrent l’Espagne pour la ville où
l’apôtre Pierre avait établi sa chaire.

SON DIACONAT

Lorsque le
30 août 257, Sixte II monta sur le trône de Pierre, immédiatement
et sans hésiter, il voulut à ses côtés son ancien élève et ami
Laurent, en lui confiant la charge délicate de premier diacre.

En cette
qualité, il avait la garde du trésor de l’église et était
chargé d’en distribuer les revenus aux pauvres et aux démunis.



LE
MARTYRE DE SIXTE II


En août
257, l’empereur Valérien avait promulgué un édit interdisant,
sous peine de mort, de célébrer le culte chrétien et de se réunir
dans les cimetières, édit complété de l’obligation d’offrir
un sacrifice solennel aux dieux païens. L’année suivante, un
second édit décréta que les évêques, prêtres et diacres
seraient exécutés sans jugement sur simple constat de leur identité
et que les biens des riches chrétiens seraient confisqués.

Le pape
Sixte II, qui célébrait la sainte liturgie dans la crypte du
cimetière de Callixte (dans les catacombes), fut arrêté, en vertu
de ces arrêtés, avec 6 de ses diacres le 6 août 258.

Deux des
diacres, Félicissisme et Agapit, auraient réussi à s’échapper,
mais rejoints dans le cimetière de Prétextat, ils auraient été
massacrés sur place.

Après un
premier interrogatoire, le pape Sixte II fut conduit vers une prison
par les rues de Rome. Sur le chemin, le diacre Laurent le rencontra
et lui demanda en pleurant :

« Où
vas-tu, Père, sans ton fils ? Où t’empresses-tu, o saint
évêque, sans ton diacre ? Tu n’offrais jamais le sacrifice
(de la messe) sans ton diacre. Qu’est-ce qui t’a déplu en moi,
Père, pour aller ainsi sans que je ne t’accompagne ? Est-ce
que tu m’as trouvé indigne ?

Le pape lui
répondit :

« Je
ne te quitte pas, je ne t’abandonne pas, o mon fils. Des épreuves
plus difficiles te sont réservées. Comme nous sommes vieux, il nous
a été donné de parcourir une épreuve plus facile. Comme tu es
jeune, tu es destiné à un triomphe plus glorieux sur le tyran. Tu
viendras bientôt, cesse de pleurer : tu me suivras dans trois
jours. Je te laisse donc tout mon héritage. Reçois les
richesses de l’église, ses trésors, et distribue-les à qui te
semblera bon. »

Le
lendemain, le pape fut décapité avec ses quatre diacres sur la voie
Apienne.



LE MARTYRE DE SAINT LAURENT

Arrêté à
son tour, Laurent fut sommé par le préfet de Rome Cornélius
Sécularis de remettre à l’empereur les trésors de l’église.
Il demanda du temps pour en faire l’inventaire. On lui accorda
trois jours.

Laurent
s’occupa aussitôt de distribuer aux prêtres et aux pauvres les
quelques richesses qui lui avaient été confiées par le pape Sixte
II.

C’est
ainsi que sur le mont Coelius, il rencontra sainte Cyriaque, une
veuve qui cachait chez elle beaucoup de chrétiens. Il revint durant
la nuit en apportant des vêtements et de l’argent. Ayant lavé les
pieds des chrétiens, il guérit sainte Cyriaque de maux de tête en
posant sur elle le linge avec lequel il venait de leur essuyer les
pieds. Puis il se rendit chez Crescentien, un aveugle auquel il
rendit la vue, chez Népotien où un prêtre, Justin, avait réuni
soixante-trois chrétiens, hommes et femmes, pour les aider en ces
temps de persécutions.

Le troisième
jour, Laurent se présenta avec tous les pauvres de l’église de
Rome, les estropiés, les aveugles, les boiteux et les infirmes.

« Voici,
dit-il, les trésors de l’église ; par
notre vie et nos célébrations nous ramassons de grandes richesses
dans le ciel. J’y ajoute les perles et les pierres précieuses, ces
vierges et ces veuves consacrées à Dieu. »

Furieux,
l’empereur ordonna de torturer saint Laurent avec des lames rougies
et des fouets plombés. Mais rien ne le fit flancher. Il fut alors
dépouillé de ses vêtements et étendu nu sur un lit en forme de
gril, sous lequel on mit des charbons ardents.

Mis en
demeure d’offrir un sacrifice aux dieux païens, il refusa et
proclama :

« Moi,
je m’offre à Dieu en sacrifice parce qu’un esprit qui a le
regret de ses péchés est reçu par Dieu avec tendresse. »

Les
bourreaux continuèrent à activer le feu sous saint Laurent. Pour
augmenter la douleur, ils le retournaient avec des fourches. Laurent
disait ne rien sentir. Avec sa foi et sa force d’âme, il
triomphait de l’ardeur du feu. Se tournant vers l’empereur, il
aurait déclaré non sans humour :

« Voici,
misérable, cette partie est cuite, retourne-la et mange-la. »

A sa mort,
le 10 août 258, saint Laurent aurait été inhumé au bord de la
voie Tibutine, dans un domaine appelé Agro Verano.

PATRONAGE

Son martyre
a fait de saint Laurent le patron des rôtisseurs, par extension des
cuisiniers et des souffleurs de verre.

Ses
fonctions d’archiviste lui ont valu le patronage des
bibliothécaires et des libraires.

Le fait
d’avoir distribué les biens de l’église en fait encore le patron des pauvres et du secours catholique.